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Les enfants du paradis

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Judicieux conseils _partie 2
16-11-2006

La suite des très bons conseils de Mme Le Dauphin sur l’adoption en Russie

Conseils entre les 2 voyages :
Certaines régions ont des délais très longs entre les deux voyages. Essayez d'envoyer des petites choses qui feront repenser aux nounous que l'enfant dont elles ont à s'occuper va être adopté. Elles le prépareront à votre arrivée.

Laissez à l'enfant un doudou et des photos. Vous pouvez aussi apprendre quelques mots de russe surtout si l'enfant n'est plus un bébé, ça aide au début dans la communication et cela vous permettra d'échanger quelques mots avec les nounous.

Attention : l'adoption n'est pas faite tant que le jugement n'a pas eu lieu. Un couple russe peut à tout moment adopter l'enfant que vous avez rencontré. Préservez vous et ne faites pas vôtre un enfant quine l'est pas encore officiellement.

4) Retour avec l'enfant :

Pratique : emmener une petite pharmacie pour l'enfant et pour vous. Il peut vous transmettre certaines maladies. (et vice-versa !) Pour un enfant un peu grand, le fait d'être adopté peut signifier plus aucun interdit. Il peut se représenter sa famille comme des personnes qui lui donneront tout ce qu'il veut et son nouveau pays comme un pays de cocagne où il aura accès à tout !

Il est donc nécessaire de savoir dire non même si l'on souhaite que ces premiers moments vécus ensemble soient idylliques…
Il en va de la suite de vos relations. Un enfant qui sort d'un orphelinat va être soumis à des stimulations très intenses pour lui et à une fréquence très soutenue (un réfrigérateur qui s'ouvre, un magasin avec de la musique et des lumières, un zoo, une promenade, les cadeaux de la famille, etc……)

Le conseil serait d'avoir pendant un certain temps la vie la plus `ennuyeuse' et routinière possible et ne pas trop le soumettre à toutes ces stimulations à la fois.


Le faire se coucher tôt. N'introduire que peu à peu les aliments nouveaux. Faute de quoi ces enfants auront du mal à s'habituer et vous le feront savoir tôt ou tard soit en étant malades physiquement soit en étant mal psychologiquement.

Concernant la crèche ou l'école, ne pas perdre de vue que ces enfants ont l'habitude des collectivités. Il faut néanmoins faire passer le message qu'on viendra les rechercher le soir, ne pas avoir peur, de le dire et de le répéter !

Les enfants adoptés sont comme tous les enfants : OUI et NON. Oui car ils ne doivent pas se sentir différents, non car l'angoisse de la séparation se fera sentir chez eux plus que chez les autres enfants.


Comment aborder son adoption ?

Si l'enfant ne demande pas d'aller en Russie plus tard, ne le faites pas à sa place. Il sait qu'il n'est pas né de vous, inutile de le lui rappeler à contretemps. Suivez votre enfant dans son questionnement, ne le précédez pas. Faites préciser les questions, répondez à celles-ci et seulement à celles-ci et ne donnez pas d'infos supplémentaires qu'il n'aurait pas forcément envie d'avoir.

On a le droit de différer la réponse à la question posée quand le moment n'est pas opportun en lui expliquant que ce n'est ni le lieu ni le moment et que vous répondrez à sa question une fois arrivé à la maison.
Si vous savez que ses parents biologiques l'ont abandonné car ils n'avaient pas les moyens financiers de l'élever, vous pourrez le lui expliquer mais soulignez bien que, quant à vous, ce n'est pas parce que certaines fins de mois sont difficiles que vous l'abandonnerez vous aussi.

Faire comprendre à l'enfant que s'il a été abandonné, ce n'est pas SA faute. Il y a des détails de son histoire que l'on est pas obligé de lui dire par exemple un enfant né d'un viol.

Néanmoins, on peut indiquer à un enfant grand que sa mère a pu dire qu'elle n'avait pas désiré la relation sexuelle dont il est issu mais qu'elle a pourtant pu le porter en elle jusqu'à la naissance, lui donnant toutes les chances de vivre.

N'inventez pas une belle histoire si vous n'avez aucune précision sur les conditions de l'abandon de votre enfant, mieux dire franchement que vous ne savez pas et être disponible pour accueillir ses sentiments de tristesse et de frustration.


En bref : on ne peut malheureusement pas empêcher nos enfants de souffrir. On est là pour les accompagner, les soutenir, les assurer de notre amour. On a le droit d'être des parents imparfaits.


Il existe un piège dans l'adoption : l'enfant tant attendu finit par être un dossier structuré dans ses moindres détails, carré, apostillé, parfait et tout à coup, vous vous retrouvez avec un vrai enfant. Cet enfant, pourtant tant désiré, avait fini par devenir `virtuel' et tout à coup il vous faut faire face à l'enfant réel.

Baby blues
Il existe aussi dans l'adoption et peut apparaître après ce long parcours et la tension nerveuse qu'il engendre. Si vous vous sentez triste, épuisé, que vous avez l'impression que vous n'arriverez jamais à être `une bonne mère', `un bon père'.

Ne vous sentez pas seul et anormal. Ce moment de dépression est loin d'être rare et ne présage en rien de l'avenir, il y a toutes les chances que vous surmontiez rapidement ce mauvais passage. N'hésitez pas à en parler à votre conjoint, au groupe de parents adoptants qui vous entoure, faites fonctionner votre `réseau', ne vous formalisez pas si votre proche famille ne vous comprend pas.

Vous avez montré une telle détermination jusqu'à maintenant qu'elle ne voit pas pourquoi vous flanchez sur la ligne d'arrivée…
Si cette période dépressive se prolonge, allez consulter un psychologue ou un psychiatre qui vous aidera à franchir le cap.

Troubles de l'attachement :
Un bébé est programmé génétiquement pour s'attacher. Il saura très vite que lorsqu'il pleure, il y aura une réponse de la part de la mère. Plus tard, lorsqu'il sourira, on lui répondra. Quelqu'un va donc répondre à son besoin.

Jour après jour, le bébé réalise qu'il peut compter sur une ou deux personnes particulières pour lui répondre et satisfaire ses besoins vitaux, il apprend à reconnaître ces personnes et à leur faire confiance, il comprend aussi qu'il a une valeur puisqu'on s'intéresse à lui de si près : en un mot, `il s'attache' .

C'est ce schéma qui lui servira plus tard à établir ses relations avec le monde qui l'entoure. Dans les orphelinats, on ne répond pas forcément de cette façon.
Faute de personnel, on laisse parfois les enfants pleurer longtemps ou on leur administre un biberon alors qu'ils n'ont pas encore faim. Ces bébés finissent par penser qu'il est inutile de manifester ses besoins puisque la réponse est totalement imprévisible et inconstante. L'enfant n'acquiert pas le raisonnement de `cause à effet' (je pleure donc on vient s'occuper de moi') .

Si cette situation dure trop longtemps, le bébé finira par se refermer sur lui-même et chercher en lui des sources de satisfaction (balancement, repli, fascination par un objet banal).

Signes : un enfant plus grand qui peut se précipiter sur n'importe qui en disant `maman' ou `papa' ou faire des câlins à n'importe qui.
Cet enfant ne vous a pas reconnu et ne fait pas de différence.

Un bébé qui ne s'endort pas dans les bras ou qui refuse le contact physique. Un enfant qui ne vous regarde pas dans les yeux, qui réagit trop au bruit ou qui au contraire est dans sa bulle, qui stocke de la nourriture, etc.….

Les enfants en orphelinats ont tous un potentiel aux troubles de l'attachement plus ou moins importants. Certaines techniques existent pour obtenir, malgré des débuts difficiles, une relation confiante entre vous et votre bébé:
Il vous faudra user de toutes sortes de `trucs' pour stimuler la communication.

Solliciter son regard
Lorsque l'enfant est en poussette, le mettre face à vous et non face à la route. Jouer à cache-cache. Faire coucou, etc….
Solliciter le contact physique
massages, chatouilles, lui appuyer sur le nez, les joues en émettant des sons drôles, etc.…
Stimuler ses 5 sens chacun leur tour : par exemple l'ouïe par de la musique (berceuses), le toucher par les doudous…

N'en faites pas trop, ne stimulez pas les 5 sens à la fois ! Et si le bébé donne des signes de lassitude, laissez le tranquille un moment, quitte à reprendre plus tard.

Pour les plus âgés :
Les conseils sont les mêmes que pour les bébés (adaptés à l'âge, bien sûr) mais vous pouvez aussi lui signifier souvent qu'il est inscrit dans votre filiation : `tu aimes le chocolat comme moi, tu as l'oreille musicale comme Papa…'

Naturellement, vous ne lui direz jamais assez que vous l'aimez !


Bien sûr tous les troubles de l'attachement ne sont pas récupérables. Pour des enfants plus grands, cherchez à savoir comment ils se comportent avec leurs camarades du même âge. Se font-ils des
copains, savent-ils jouer à un jeu en respectant les règles ? Si un enfant, ne parle pas du tout à 4 ou 5 ans, cela peut présager des troubles graves du développement.

L'enfant ne parle t-il vraiment pas du tout ou est-il seulement très inhibé ou déprimé ?…

Acquisition du langage :

Chercher à ce que l'enfant continue à parler russe à tout prix semble le plus souvent un facteur de confusion pour celui-ci. Il peut tout à fait se demander pourquoi il est ainsi si différent des autres ou même si ses nouveaux parents n'ont pas l'intention de le renvoyer en Russie.

Aussi désolant que cela puisse nous paraître, le russe va être oublié à une vitesse vertigineuse. Il me semble qu'il faut respecter ce mouvement, l'enfant se jette à corps perdu et sans regarder derrière dans sa nouvelle vie. Plus tard, s'il le désire, il pourra réapprendre cette langue d'origine.


Le français s'acquiert très rapidement la plupart du temps, mais dans le cas d'enfant un peu grand, il est bon que les parents apprennent quelques mots russes pour pouvoir communiquer pendant les premiers jours de la vie en commun.


Quant au changement de prénom, c'est le premier privilège des parents que de choisir un prénom pour son enfant. C'est une manière de signifier au monde que cet enfant est le vôtre. Ne vous en privez pas. L'usage, chez les parents adoptifs est de donner le prénom de leur choix à l'enfant en premier prénom et le prénom d'origine russe en deuxième prénom.

L'enfant pourra facilement reprendre son prénom russe comme prénom d'usage s'il le désire plus tard. Dans le cas d'un enfant grand, demandez lui simplement son avis : `Veux-tu garder ton prénom russe ou non ?'
Certains enfants voudront s'approprier un prénom français alors qu'il vous semblait qu'il était préférable de ne pas les « débaptiser », ou au contraire se sentiraient brutalisés s'ils devaient abandonner leur premier prénom.


 
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