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Les enfants du paradis

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Poupées russes au Kremlin
15-03-2008

N’en déplaise aux donneurs de leçons de morale et de politique, la démocratie russe a bien fonctionné. Le message délivré le 2 mars par les électeurs est très clair : à 70,2 %, ils approuvent le bilan présenté par Vladimir Poutine. Arrivé en deuxième position, Guennadi Ziouganov, le candidat du parti communiste, n’a obtenu que 17,8 %. C’est bien un nouveau plébiscite pour le chantier de redressement économique, social, administratif et civique entrepris par Poutine depuis 2002.

Les oiseaux de mauvais augure avaient aussi annoncé un “putsch constitutionnel” avant l’élection. Mais Poutine n’a pas touché à la Constitution pour pouvoir effectuer un troisième mandat. Plus subtil, il a facilité la victoire de son fidèle Dmitri Medvedev, en préemptant il est vrai le poste de premier ministre. Les Russes ont voté en toute connais­sance de cause en faveur de ce tour de passe-passe politique, dans la tradition des célèbres matriochkas (les poupées russes). L’association politique de Medvedev (président) et Poutine (premier ministre) leur semble la meilleure solution pour pérenniser cette renaissance nationale.

Pour au moins quatre ans encore, l’espérance russe reste entre les mains de la même équipe. Sauf si l’expérience, qui commence le 7 mai, date officielle de la passation de pouvoir, ne va pas à son terme. C’est la grande interrogation à Moscou. « Où sera le pouvoir ? » titrait cette semaine le quotidien Vedomosti, en résumant le sentiment général.

Tout indique que le discret Medvedev, 42 ans, sera aux ordres de Poutine. Il lui doit toute sa carrière, depuis la mairie de Saint-Pétersbourg, au début des années 1990, jusqu’aux postes de président de Gazprom (depuis 2000) et de vice-premier ministre (2005). Medvedev succombera-t-il au “vertige du succès” que certains prédisent, en prenant le risque de secouer la tutelle de son puissant mentor ? En Russie, comme ailleurs, l’histoire abonde en exemples de dauphins pressés qui mordent un jour la main qui les a nourris. Poutine le sait. Détecté et promu par Boris Eltsine, le loyal officier du KGB mit lui-même moins de cinq ans pour écarter le clan Eltsine et s’asseoir dans le fauteuil de président.

La cohabitation qui va s’instaurer à Moscou est inédite mais la répartition des pouvoirs est claire. Selon la tradition fortement centralisatrice de la Russie, héritée de l’empire des tsars, perpétuée sous le régime soviétique et poursuivie depuis 1991, la quasi-totalité des prérogatives est concentrée entre les mains du chef de l’État, à travers les principales nominations. Les deux mois de transition et le choix des équipes vont clarifier la situation. « J’ai travaillé comme un forçat aux galères », disait Poutine pendant la campagne. À 55 ans, le “forçat” est en pleine forme. Il se veut aussi lucide : « On essaiera de nous diviser, mais tout se passera bien, il n’y aura pas de problème. »

Frédéric Pons 

 http://www.valeursactuelles.com/public/valeurs-actuelles/html/fr/articles.php?article_id=1980

 

 
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