De tous les aliments russes qui
répugnent le plus aux Français, c’est le lard qui tient la palme. Ces
morceaux blancs et luisants que les Russes mangent habituellement avec
du pain et parfois de l’oignon, n’est autre que de la graisse de porc.
Le
lard est venu d’Ukraine où il est considéré comme un symbole national.
Tous les ans, les Ukrainiens organisent même un « festival du lard »
dans la ville de Loutsk, où les amateurs rivalisent de vitesse pour en
consommer et préparent le plus gros « burger de lard » du monde. Le
dernier, en septembre 2007, mesurait soixante-treize mètres de long !
Les habitants de Loutsk ont même érigé un monument au lard représentant
un cochon qui tient dans ses bras un morceau de graisse. Les Ukrainiens
l’utilisent pour soigner l’arthrite, les caries et certaines maladies
de peau. Le lard a enfin la réputation d’être un puissant
aphrodisiaque.
Les zakouskis dont les Russes sont si fiers et
qu’ils s’empressent de mettre sur la table à la vue du premier invité
venu, ne sont pas non plus très appréciés des Français. Cornichons
salés, champignons marinés et hareng aux betteraves se révèlent parfois
un peu « barbares » pour des palais français habitués à des mets plus
raffinés. La grande variété et la popularité des zakouski s’expliquent
par des raisons religieuses autant que climatiques.
Avant la
Révolution, les Russes observaient le jeûne plus de 200 jours par an.
Il était interdit de consommer de la viande, des œufs, des sucreries et
des produits laitiers avant les grandes fêtes chrétiennes ainsi que les
mercredis et les vendredis durant toute l’année et ce jeûne était
respecté par toutes les couches sociales, des tsars aux paysans. C’est
ainsi pour diversifier leurs repas que les Russes ont inventé toutes
sortes de plats variés à base de poisson et de légumes. Pour conserver
au mieux ces aliments et pouvoir en profiter lors des rigoureux hivers,
il était indispensable de les saler ou de les mariner. D’où cette
spécificité des hors-d'oeuvre russes traditionnels.
Le
troisième plat russe le moins apprécié des Français est la « kacha »,
bouillie préparée à base d’avoine, de millet, de semoule de blé, de riz
ou de sarrasin. Cauchemar des enfants soviétiques, la kacha leur était
imposée en plat principal au petit déjeuner, à la maison comme à
l’école. Certains finissaient par s’habituer à cette bouillie très
saine, mais la plupart la consommaient à grand peine.
Les
ancêtres des Russes, les Slaves orientaux, considéraient la kacha comme
le mets favori de leurs dieux. Ainsi, le puissant Péroune (esprit du
vent) ou le joyeux Iarilo (esprit du soleil) pouvaient compter sur leur
bol quotidien de kacha apporté soigneusement à leurs autels par des
prêtres fidèles. Avec la conversion progressive à l’orthodoxie, les
Russes ont conservé à la kacha son statut de plat divin. Ils la
préparaient pour célébrer les naissances, les mariages ou les
funérailles. Ils l’utilisaient également pour prévoir l’avenir : le
Jour de l’An, le père de famille jetait une cuillerée de kacha au
plafond : plus grande était la quantité qui restait collée, plus
fertile serait l’année à venir. Lors du baptême d’un nouveau-né, les
Russes préparaient deux sortes de kachas, l’une sucrée, pour la mère,
et l’autre salée, poivrée et assaisonnée de moutarde, pour le père. Ce
dernier, en la mangeant, devait se faire une idée, en partie au moins,
de ce que sa femme avait éprouvé lors de l’accouchement.
Inna Soldatenko
Les six plats russes que les français en Russie aiment le moins
1. Le lard ( « sala »)
2. Les Zakouski
3. La Kacha
4. Les desserts à la crème
5. La viande rouge
6. Le poisson séché
N° 111 du 25 octobre au 7 novembre 2007
http://www.lecourrierderussie.ru/fr/magazine/?artId=2520
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