Poupées et petits soldats : pourquoi les jouets n'évoluent pas ? |
18-12-2011 | |
Un garage de petites voitures, un déguisement de princesse, le pistolet du shérif ou la Barbie maîtresse d'école : les listes du Père Noël n'ont pas vraiment évolué depuis le siècle dernier. En témoigne l'exposition « Des jouets et des hommes » au Grand Palais jusqu'au 23 janvier. Exploration d'un univers figé dans le contraste rose/bleu.
Qui se doute que le plus lointain
ancêtre du célèbre Snoopy Fisher Price remonte à l’Antiquité ? Il y a
des milliers d’années, on offrait déjà aux enfants des animaux taillés
dans le bois ou l’argile montés sur roulettes. L’exposition « Des jouets et des hommes » proposée par le Grand Palais
jusqu’au 23 janvier, met en scène la troublante récurrence des jouets
proposés aux enfants depuis des milliers d’années. Collectionneur et
commissaire de l’exposition, Bruno Girveau évoque « une
permanence très forte dans les concepts » qui se vérifie à toutes les
époques, du cheval de Napoléon à « Mon Petit Poney » et des automates
aux robots japonais. Ils ont beau endosser les costumes et les formes de
leur temps, les joujoux reflèteraient même selon lui un certain
conservatisme, en particulier dans l’opposition filles/garçons. Miniatures et stéréotypes
« Depuis la Grèce antique, les miniatures de
Une culture du jeu inchangée
Pour le sociologue Gilles Brougère, il y a bel et bien un retard du jouet
par rapport à l’évolution des rôles féminins et masculins au cours des
50 dernières années. Il l’explique par la différence fondamentale des
logiques de jeu entre garçons et filles. « La société et le marketing ne
cessent de renforcer les frontières entre deux cultures ludiques.
Filles et garçons jouent entre eux, et par là ils trouvent le moyen
d’affirmer leur identité. » Depuis les années 80, avec le triomphe de
l’image et des héros de dessins animés, le clivage n’aurait fait que
s’accentuer. « C’est la logique de ciblage marketing dirigé vers les plus jeunes qui a rendu encore plus visible les différences de genre »,
note G. Brougère, qui remarque que les enfants ne se privent pas pour
autant de franchir la frontière : les filles s’aventurent volontiers sur
le terrain des petites voitures ou des jeux de construction, en
revanche, c’est plus compliqué pour les garçons. « Ils sont davantage
contraints de respecter leur identité, parce que la position féminine
est encore perçue comme une position de dominée », explique le
sociologue, « pas question donc pour les garçons de régresser du
dominant au dominé. » En clair : on a le droit d’être un garçon manqué
qui aime les trains électriques, mais pas une fille manquée qui joue à
la poupée… L’enfant geek a-t-il un sexe ?Pourtant à l’heure où les petites filles se prennent de passion pour la Nintendo DS ou les applications sur smartphones de leurs parents, une nouvelle génération de jeux émerge dans le secteur high-tech. « Des univers parfois moins marqués par les stéréotypes voient le jour dans les jeux vidéos, et ouvrent des perspectives ludiques plus mixtes », remarque G. Brougère. Moins sexués, débarrassés du décorum paillettes pour les filles et black attitude pour les garçons, les jeux de simulation comme les Sim’s ou Farmville par exemple, invitent garçons et filles à créer des entreprises, gérer une exploitation agricole ou tenir le foyer et les dépenses. A eux, ensuite, de se répartir les tâches au quotidien..
http://www.terrafemina.com/vie-privee/famille/articles/9584-poupees-et-petits-soldats--pourquoi-les-jouets-nevoluent-pas-.html. |
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