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Les enfants du paradis

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La hausse des adoptions en 2010 est à relativiser
27-01-2011
 Direct matin du 27 janvier 2011

Avec 3 504 enfants accueillis par des familles françaises en 2010 contre 3 017 en 2009, les adoptions internationales ont enregistré une hausse exceptionnelle de 14 %, selon les statistiques du service d’information internationale (SAI), intégré au ministère des Affaires étrangères. Une croissance d’autant plus surprenante qu’elle est en contradiction totale avec la tendance baissière des cinq dernières années. «Evitons de faire cocorico,
met en garde Geneviève Miral, présidente de la fédération Enfance et familles d’adoption. Il ne s’agit en fait que d’un trompe-l’oeil. Il y a pour 2010 des facteurs conjoncturels qui expliquent le gonflement des chiffres.» Au premier rang duquel figurent les arrivées massives en provenance d’Haïti. Si le nombre d’adoptions y a augmenté de manière significative (992 en 2010, contre 653 en 2009), ce ic est à relativiser. «Il ne s’agit pas de nouvelles adoptions, précise le SAI, mais simplement d’une accélération des procédures administratives pour les adoptions engagées avant le séisme.» Le reliquat es dossiers en cours, en somme. «Depuis, Haïti a décidé de suspendre les adoptions. Pour 2011, il faut donc s’attendre à un chiffre proche de zéro», avertit Geneviève Miral.


Les chiffres 2010 s’avèrent d’autant plus trompeurs, que le nombre d’enfants adoptables dans le monde tend à se réduire. «Les pays émergents sont désormais en mesure de mettre en place des politiques sociales et familiales», explique un porte-parole du SAI. La ratification de La Haye, adoptée par près de 85 pays, prévoit dans ces textes d’accorder la primeur aux adoptions nationales.
Dans le même temps, les règles de l’adoption internationale tendent à se durcir, les Etats fixant des critères de plus en plus stricts. «Il ne faut pas s’imaginer que les pays d’origine ne se préoccupent pas du devenir des
enfants. Au contraire, ils se montrent plus exigeants», assure Geneviève Miral. La Chine a ainsi intégré pour les familles adoptives des critères de santé et un niveau d’étude minimum.
D’autres demandent des tests psychologiques ou des informations complémentaires sur les candidats.
Avec la diminution du nombre d’enfants à adopter, la concurrence entre les pays d’accueil est rude. Certains d’entre eux ont ainsi entrepris, comme l’Italie ou la Suède, de moderniser leurs procédures pour s’attirer les faveurs des pays d’origine.

En France, des réformes sont encore attendues. La qualité des agréments délivrés par les conseils généraux est, pour certains pays d’origine, sujette à caution. Manque de crédibilité, de lisibilité, laxisme… Le dispositif actuel a mauvaise réputation.
«Aujourd’hui, chaque département réalise l’enquête sociale et psychologique un peu comme il l’entend. Pour permettre une harmonisation de l’instruction des dossiers, des normes communes doivent être appliquées sur l’ensemble du territoire», remarque Michèle Tabarot, présidente du Conseil supérieur  de l’adoption (CSA), qui a conduit depuis plusieurs mois un groupe de réflexion dont les propositions seront prochainement remises au ministre de la Cohésion sociale, Roselyne Bachelot.

La philosophie générale repose sur une meilleure préparation des parents et une meilleure adéquation de leur projet aux réalités de l’adoption internationale. «Le profil des enfants en attente d’une famille a évolué. Ils sont plus âgés, en fratrie, ou présentent des particularités : pathologies ou handicap. De fait, ils ne correspondent pas à l’image que les candidats à l’adoption s’étaient imaginés : un enfant jeune et en bonne santé», observe Fanny Cohen Herlem, pédopsychiatre et psychanalyste. «Si les candidats français veulent garder leurs chances, il est indispensable qu’ils intègrent ces évolutions, indique-t-on au SAI.
A titre d’exemple, les Italiens accueillent 55 % d’enfants de plus de 5 ans, [en France, ce chiffre se situe entre 22 et 25 %], de telle sorte qu’ils sont aujourd’hui plus présents dans des pays comme le Brésil, la Pologne ou l’Ukraine.» •
Linda Maziz

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