Qui s’occupe des orphelins russes ? |
17-10-2010 | |
15/09/2010
Diana Markosian, RIA Novosti
La communauté des enfants de Kitèje est cachée au fin fond de la
province russe, loin de toute civilisation. Constitué de maisons en
forme de châteaux, ce village réservé aux orphelins semble sortir d’un
conte de fées. Ce n’est pas un orphelinat ordinaire et peu nombreux sont
ceux qui ont la chance de grandir ici. Ils ont des parents bénévoles,
capables de leur offrir un foyer et de les adopter.
Maria Pitchouguina, âgée de 25 ans, est la directrice du centre de Kitèje à Orion, une petite localité à environ 60 kilomètres au sud de Moscou. Elle a passé une grande partie de sa vie dans cet orphelinat car sa propre mère a déménagé à Kitej il y a dix ans, avec ses deux filles pour consacrer sa vie aux orphelins russes en détresse. Cette communauté fut créée il y a près de 20 ans par Dmitri Morozov, qui en a fait une alternative aux institutions de l’État. « Dans les années 1990, il y avait beaucoup d’enfants des rues, et personne ne se souciait de leur sort», raconte Morozov. « Les gens étaient trop occupés à survivre. Le gouvernement et la population y étaient totalement indifférents ». Les choses n’ont guère changé depuis. Selon un recensement mené en 2008, la Russie compte 700 000 orphelins. Le système des orphelinats continue de fonctionner sur le modèle soviétique, qui fut créé au sortir de la guerre civile pour faire face à l’apparition d’un très grand nombre d’orphelins. Depuis, c’est l’alcoolisme qui joue le rôle de grand générateur d’enfants des rues. Plus de 80% d’enfants placés dans les orphelinats aujourd’hui sont des enfants issus de familles à problème à forte consommation éthylique. Alors que plusieurs affaires de maltraitance d’enfants d’origine russe aux États-Unis ont fait récemment scandale, l’attention des médias s’est focalisée sur les pièges de l’adoption internationale en délaissant la question de fond : pourquoi tant d’orphelins en Russie ? Selon Russian Children’s Welfare Society (RCWS), une organisation non gouvernementale basée à New York avec un bureau à Moscou, le nombre officiel d’orphelins est de quatre à cinq fois plus élevé en Russie qu’en Europe ou aux États-Unis. Environ 30% d’entre eux vivent dans des orphelinats. La plupart sont des enfants abandonnés par leurs parents ou retirés de leurs familles par les autorités. En 2009, il y avait 2 176 orphelinats en Russie. Ce chiffre a plus que doublé au cours de la dernière décennie, selon le RCWS, dont la mission principale est d’aider les orphelins russes. La bureaucratie fut un obstacle majeur pour le système d’adoption en Russie pendant très longtemps. Le diacre Alexandre Volkov a adopté un fils il y a trois ans. La procédure administrative fut ce qu’il y a de plus difficile, selon lui. Et pour beaucoup de Russes, c’est un engagement qu’ils ne veulent tout simplement pas prendre. « Pendant longtemps, il était très long et complexe d’adopter un enfant. Le système ne l’autorisait tout simplement pas », explique Volkov. Morozov constate tristement un accroissement du nombre d’enfants abandonnés, tandis que les Russes qui désirent les adopter restent peu nombreux. Pour pallier en partie ce problème, l’adoption d’enfants russes par des ressortissants étrangers s’est développée depuis la fin de l’URSS. Il y a eu 3 000 adoptions par des étrangers en Russie depuis 10 ans, dont 288 vers la France l’année dernière. Mais pour Morozov, l’adoption internationale n’est qu’un moyen supplémentaire pour les fonctionnaire d’ignorer les solutions de fond.
Près de 4.000 enfants russes adoptés en France depuis 20 ans
http://larussiedaujourdhui.fr/articles/2010/09/15/qui_s_occupe_des_orphelins_russes04590.html |
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