Ce texte
du docteur Blandine Hamon, membre de l'équipe accompagnement des
familles d'Enfance & Familles d'Adoption, est à lire par
tous ceux qui s'apprêtent à accueillir un enfant d'Ha¨ti, mai il est aussi très utile aux autres :
1) La rencontre
Vous
la rêvez et vous l’appréhendez tout à la fois cette rencontre. Cet
enfant qui arrive blessé et traumatisé, comment va-t-il m’accepter,
comment puis-je l’accueillir, alors que j’ai été moi-même traumatisé par
l’attente, les événements catastrophiques, l’angoisse de le perdre?
Apportez-lui
quelque chose pour boire et manger plutôt qu’un gros nounours ou un
beau jouet Soyez souriant, attentionné et prévenant, mais ne
l’envahissez pas d’émotions débordantes, laissez le venir à vous. Ne
soyez pas trop nombreux pour l’accueillir (seulement la famille
nucléaire proche, pas la famille élargie ni les amis dans un premier
temps) et essayez de le préserver le plus possible de la curiosité de
tous ceux qui voudront voir un petit rescapé d’Haïti.
La rencontre
peut être idyllique (coup de foudre réciproque) ou traumatisante
(pleurs, cris, refus de la part de l’enfant; mal être, confusion,
angoisse, sentiment d’incapacité de la part des parents). Cette
rencontre sera, de toutes façon, chargée d’émotions intenses. Rassurez-vous: la première rencontre ne peut en rien présager de l’avenir. La construction d’un lien se fait petit à petit dans les échanges et les interactions réciproques.
On devient parent au fil des jours, c’est une construction dans le temps.
2) Apporter les premiers soins
C’est effectivement la priorité absolue, surtout sur le plan de la santé (cf. les recommandations du docteur Odile Baubin)
Dès
la première rencontre et durant la phase d’apprivoisement de l’enfant,
la priorité sera de répondre aux besoins physiologiques de l’enfant
(manger, boire dormir, être soigné) et de lui montrer qu’il est en
sécurité chez vous.
Pour cela, adoptez un rythme de vie le
plus calme possible avec des horaires réguliers, ne partez pas tout de
suite en visite ou en voyage. Laissez votre enfant se poser, prendre
confiance dans la constance et la fiabilité du nouveau nid qui lui est
proposé. Il a connu trop de bouleversements et de changements auparavant
et il a besoin de compenser ses carences dans le calme.
Vous êtes
vous-même dans un état d’émotivité intense: votre projet se réalise
enfin, vous avez vécu l’angoisse de perdre cet enfant, l’effroi et le
désarroi devant la catastrophe, l’incertitude des démarches et toutes
ces années d’attente derrière vous! Vous avez aussi besoin de repos, de
retrouver un cours de vie paisible. Votre enfant a besoin de parents
sereins qui assurent le quotidien sans émotions excessives.
Ne
cherchez pas trop vite à le couvrir d’affection mais à lui montrer
qu’il est en sécurité et que vous êtes dignes de confiance.
Le
sentiment de sécurité est le premier pas de la relation affective qui
va permettre l’attachement. Si l’enfant refuse les bisous et les
câlins, ne vous sentez pas rejeté, soyez patient et continuez à assurer
ses besoins de base.
Le lien parent/enfant indestructible naît de
ces interactions constantes et quotidiennes dans la réponse aux besoins
de base de l’enfant.
Mais attention: Répondre aux
besoins fondamentaux, Ce n’est pas "gaver" l’enfant pour qu’il récupère.
Faites vous conseiller par votre médecin. N’écoutez pas les conseils
bien intentionnés mais souvent ignorants de votre entourage.
Le
maternage des premiers temps a pour but de remettre l’enfant en forme
physique et de favoriser l’attachement, en lui montrant quelles sont les
personnes référentes qui veillent à ses besoins et sa sécurité. Les personnes référentes au début ne doivent être que les parents.
C’est pourquoi retardez au maximum l’entrée en crèche, en garderie ou la mise à l’école trop rapide.
Lorsque l’enfant se sent en sécurité, qu’il laisse tomber un peu son hypervigilance, il peut s’autoriser à régresser avec ses nouveaux parents (il peut demander à être porté, à être nourri, à dormir auprès de quelqu’un, même s’il est déjà un peu grand).
C’est
comme si l’enfant revivait avec ses nouveaux parents des stades
antérieurs en réimprimant de nouvelles émotions positives dans son
processus de développement. La régression est fréquente, elle est
parfois surprenante et fatigante pour les parents, mais très
gratifiante. Elle exige, en tout cas, beaucoup de disponibilité.
Dans
les premiers temps, tout ce qui n’est pas recommandé pour un enfant
sécurisé qui doit apprendre l’autonomie, sera indispensable pour un
enfant insécure.
Ne pas se faire avoir par le regard des autres qui pensent que vous couvez trop votre enfant.
Mais
accepter la régression ce n’est pas installer l’enfant dans cette
régression. Dès qu’on le sentira prêt, en sécurité (compter plusieurs
mois), il faudra lui apporter des stimulations pour grandir.
Beaucoup
d’enfants qui ont soufferts, qui ont vécu en institution, présentent
des retards de développement. Ils ont besoin d’être stimulés mais en
respectant toujours leur rythme personnel, sans comparaisons avec des
enfants nés en France. Vous serez les premiers rééducateurs de votre
enfant mais attention ne faites pas de forcing: tous les stades prévus par l’évolution naturelle doivent être vécus en respectant le rythme de l’enfant
(par exemple: avant de se tenir debout, il faut savoir tenir sa nuque,
puis apprendre à s’asseoir, puis marcher à 4 pattes, enfin on peut
tenir sur ses jambes). Prenez conseil auprès de votre médecin.
Souvenez vous toujours: Un enfant peut être hors normes sans être anormal.
Pour un plus grand: les stimulations devraient être apportées, non pas tant au niveau intellectuel (même pour un enfant arrivé grand, ce n’est pas la priorité), mais dans le domaine de la sensorialité,
base du système émotionnel, du système de la motivation. Lui redonner
le plaisir de faire, de se développer, d’expérimenter, en faisant avec
lui, au début, dans le rire et la tendresse puis en le laissant faire
par lui-même.
➢ C’est pourquoi on favorisera, comme avec un tout petit bébé, le portage, le bercement, le contact corporel
(en tenant compte des réticences d’un enfant grand qui a subi des
maltraitances) et tout le langage non verbal (contact visuel, gestes
tendres, mimiques accentuées, sans brusquerie) et les jeux qui
favorisent ce rapprochement (jeux dans le bain, dans la piscine, dans la
nature).
➢ La parole aussi est importante:
parler de son histoire même et surtout si elle a été traumatisante,
mettre des mots sur la peur et l’angoisse qu’il a dû ressentir lors du
tremblement de terre, sur la tristesse d’avoir quitté ses amis et ses
copains si brutalement, sur tout ce qui le heurte, lui pose question
dans notre monde si différent du sien. Mais ne l’agressez pas non plus
avec des questions perpétuelles, soyez à l’écoute quand il ne va pas
bien et là, essayez de mettre des mots sur ce que vous ressentez ou
devinez. Parlez lui aussi de vos propres émotions.
On peut
utiliser le langage symbolique, surtout avec un enfant qui ne parle
pas, ce langage parle directement au cerveau droit de l’enfant, cerveau
des émotions et de l’inconscient: lire des contes, utiliser des
poupées et des peluches pour lui raconter son histoire et des histoires
d’abandon, des épreuves difficiles de la vie qui se terminent bien.
3) Comprendre les comportements difficiles de votre enfant / la résilience
➢ Un
enfant qui a souffert d’abandon, qui a subi des ruptures répétées, peut
présenter des difficultés dans la mise en place de relations affectives
proches: il se méfie des adultes, doute de leur fiabilité et
de leur constance. De plus le monde lui parait dangereux et il se sent
peu digne d’être aimé (les derniers évènements qu’il a vécus l’ont
confirmé dans ces représentations négatives du monde, des adultes et de
lui même).
- Il peut être si anxieux qu’il en devient dépendant, accroché à vous,
avec la hantise constante de la séparation. Son anxiété peut aussi le
rendre hyperactif, agité en permanence, sollicitant une attention
constante.
- Il peut ressentir de la rage contre vous à chaque séparation et
devenir alors opposant et agressif, avec des colères hors de proportion
ou en contrant sans arrêt vos propositions.
- Ou bien il peut s’isoler, se gérer lui-même en refusant votre aide
et trouver son plaisir dans le monde des objets, préférant penser ou
pleurer dans son coin et refusant de vous parler.
- Ou bien à l’inverse, il semble hypersociable, très adapté, mais de
façon très superficielle, il joue de la séduction mais ne s’attache pas
vraiment.
Toutes ces difficultés s’estompent avec le temps, mais si elles vous
paraissent majeures ou trop durables (plus d’un an) n’hésitez pas à
consulter et faites vous aider, en tant que parent, car les sentiments d’abandon de votre enfant vont réveiller vos propres blessures d’enfant.
Vous pouvez revivre, vous aussi, des sentiments d’abandon, de rejet,
vous pouvez vous sentir malmenés par cet enfant et lui en vouloir, vous
pouvez même par moment le détester, avoir de la rancœur contre lui, ce
qui vous empêchera de rester un bon donneur de soins et un bon contenant
pour éduquer votre enfant. Car il aura aussi besoin d’un cadre ferme et de limites posées avec calme, conviction et justesse sans autoritarisme. Ce n’est évident pour aucun parent, encore moins lorsque l’enfant a souffert et projette sur vous ses souffrances.
➢ D’autre
part, un enfant qui a été traumatisé peut développer dans les mois qui
suivent le traumatisme, ou après un délai, un certain nombre de troubles
psychiques qui perturbent ses réactions et son comportement:
- L’enfant revit l’évènement traumatisant de façon répétitive sous forme de cauchemars ou de rêves éveillés angoissants.
Le déclenchement peut être une situation tilt pour l’enfant mais
anodine pour les parents, d’où leur incompréhension. Cela risque
d’être mal compris ou interprété comme un rejet parental, un caractère
difficile, une crise passagère…
- Pour éviter ce retour d’angoisses, l’enfant évite certaines
situations stressantes pour lui, mais parfaitement incompréhensibles
pour l’entourage. Cela peut déboucher sur du désintérêt massif pour des
activités quotidiennes.
- Enfin l’enfant est en état constant d’hypervigilance (comme si un
danger allait arriver brusquement). Il manifeste une anxiété constante
pour tout, il a des angoisses, il est irritable, il se met facilement en
colère, il a des troubles du sommeil, des difficultés de
concentration.
- On comprend que, dans ce cas, il lui est impossible de faire des apprentissages scolaires dans de bonnes conditions.
- La priorité est donc déjà de le sécuriser et qu’il puisse
retraiter son traumatisme par différents moyens: parole, dessin,
modelage, corps, avec quelqu’un de compétent.
La Résilience: Tout n’est pas noir, car l’enfant
possède une capacité de résilience extraordinaire. La résilience est
cette capacité de survivre, de se tenir debout, puis de se reconstruire,
de façon créative, sur les plans physique, psychologique et social
malgré de graves traumatismes. Un grand pourcentage de ces enfants,
blessés par la vie, va heureusement développer au contact de leurs
parents adoptifs des capacités de surmonter leur traumatisme de façon créative et enrichissante (nombre de grands artistes, chercheurs et scientifiques renommés ont subis de graves traumatismes dans leur petite enfance).
Lire les livres du psychiatre, Boris CYRULNIK, Un Merveilleux malheur (1999), Les Vilains petits canards (2001), Le Murmure des fantômes (2003), tous aux éditions Odile Jacob.
Les parents adoptifs peuvent devenir les tuteurs de résilience de leur enfant, par l’amour qu’ils peuvent lui offrir mais surtout par la relation de qualité qu’ils vont lui proposer, une relation pleine d’amour et de bienveillance mais aussi une relation qui soit contenante (ferme et éducative).
Etre un bon contenant, c’est ne pas laisser l’enfant prendre le contrôle par ses colères ou ses caprices. Cela nécessite de trouver la bonne distance émotionnelle et affective avec l’enfant et c’est à ce niveau que tout parent a besoin d’être aidé.
En
effet, répondre aux besoins d’un enfant, ne veut pas dire satisfaire
ses envies, caprices et désirs et contrôler la violence d’un enfant, ne
veut pas dire lui infliger des punitions abusives et cœrcitives.
Votre
rôle de parent n’est pas de séduire l’enfant, de vous faire aimer de
lui, mais de le protéger, de le nourrir et de le cadrer avec empathie et
fermeté bienveillante.
Les premiers moments avec votre enfant peuvent être éprouvants:
l’attente et les démarches à faire ont été éprouvantes, bien sûr vous
aurez des retours rapidement merveilleux (des manifestations d’amour,
des câlins, des bisous, de la joie de le voir s’épanouir, progresser,
grandir s’intégrer), mais vous devez beaucoup investir dans les premiers
temps et les nuits sont parfois courtes surtout si le sommeil de
l’enfant est perturbé. Si vous avez d’autres enfants, il vous faudra
conjuguer entre la demande d’attention des plus grands et la demande
d’exclusivité du dernier, et gérer les rivalités fraternelles, puis
s’occuper de l’intégration scolaire et sociale.
Il faut compter une année pour que la vitesse de croisière familiale soit stabilisée. Certains parents le vivent très bien, d’autres peuvent craquer et ressentir une forme de dépression, le baby blues post adoption.
Cela se manifeste par une tristesse, de l’abattement, une grande
fatigue, des troubles du sommeil et de l’appétit, des sentiments
d’incapacité, de ne pouvoir faire face, d’impuissance, de
dévalorisation, de culpabilisation… Cela s’explique fort bien: deuil de
la vie antérieure, contre-coup de la fatigue et des stress de
l’adoption, ajustements difficiles. Pendant ce temps l’entourage vous
congratule pour la réussite de votre adoption si attendue et vous impose
involontairement le silence sur vos difficultés. Faites vous aider par des gens compétents, ne vous négligez pas.
4) Apprendre à écouter les émotions et les sentiments de votre enfant
Pouvoir
être écouté et entendu est un besoin fondamental chez l’enfant. Chez
un enfant qui a souffert ce besoin est exacerbé mais l’enfant a encore
moins les mots pour se dire et s’expliquer. Les parents par adoption doivent apprendre à décoder les messages et les différents langages de leur enfant récemment arrivé. C’est une très bonne façon d’acquérir sa confiance.
C’est essentiel pour qu’il puisse panser ses blessures.
D’autre part, lorsqu’on écoute vraiment, on envoie le message suivant:
ce que tu dis, ce que tu penses, ce que tu ressens est important, tu es
quelqu’un qui a de la valeur, qui mérite de l’attention. C’est le moyen le plus sûr pour développer "l’estime de soi" d’un enfant.
Pour cela il faut développer beaucoup d’empathie,
c'est-à-dire une attitude d’accueil et d’acceptation inconditionnelle
de l’enfant, pour essayer de comprendre le monde (matériel et psychique)
dans lequel il vit, ce qu’il ressent, ses modèles de références, sans à
priori, sans jugement, tout en essayant de garder une distance
émotionnelle avec l’autre. Etre disponible à l’autre sans le
confondre avec nous mêmes, sans s’identifier à lui, sans forcément être
d’accord avec ce qu’il dit. C’est accepter la différence.
On n’écoute pas pour donner des solutions, des conseils, mais pour
permettre à l’enfant de dénouer sa pensée, de clarifier ce qu’il
ressent afin de trouver lui même les solutions à ses problèmes. Il
faut beaucoup d’humilité aux parents pour écouter et une grande
confiance dans les capacités de leur enfant à trouver ses propres
ressources.
Il est dangereux d’écouter avec trop de pitié et de commisération car on empêche son enfant de se sentir fort pour réagir;
c’est pourquoi lorsqu’on se sent trop touché personnellement par les
propos de l’enfant, lorsqu’il évoque des souffrances très profondes de
son passé, il vaut parfois mieux confier cette écoute à un
professionnel.
Accompagner les deuils que l’enfant doit faire,
supporter les pleurs, la douleur vive encore présente, n’est pas
évident. Cela nous renvoie à nos propres blessures. D’ailleurs l’enfant
sent si vous êtes capable de le supporter ou non. S’il sent qu’il vous
met en danger il ne vous en parlera pas. Dites lui simplement que c’est
trop difficile pour vous d’entendre tout cela et que vous ne vous sentez
pas capable de l’aider mais que d’autres peuvent le faire (écoutants
professionnels).
Soyons clairs, nous ne sommes pas les sauveurs de notre enfant,
nous sommes simplement des tuteurs, car c’est l’enfant qui se réparera
lui-même. Bien sûr nous apportons soins, accompagnement, éducation mais
c’est l’enfant qui reste responsable de son propre devenir au fur et à
mesure qu’il grandit. Il aura besoin aussi d’autres personnes
référentes, en dehors de nous, pour se réparer et se construire.
Cela nous invite à plus d’humilité et plus de lâcher prise (moins de prise de pouvoir sur notre enfant, moins d’emprise, de possessivité et d’hyperprotection).
Ecouter un autre, nous renvoie toujours à nous-mêmes,
réveille en nous des émotions, des jugements, des comparaisons par
rapport à notre propre vécu. En prendre conscience permet de diminuer
les projections, les interprétations qui nuisent à l’écoute. Ecouter nécessite beaucoup de prudence dans notre interprétation des choses, dans ce qu’on croit avoir compris. Pour cela poser plutôt des questions ouvertes (qui n’induisent pas la réponse oui ou non).
On pense trop souvent que l’enfant nous en veut ou qu’il le fait exprès.
Ecouter
et refléter les sentiments de l’enfant sans vouloir les supprimer, ni
les raisonner, empêche souvent le passages à l’acte dangereux, les
réactions agressives et violentes ou les somatisations.
"On passe
ainsi de l’interprétation: 'mon enfant ne m’aime pas, mon enfant est
dangereux pour moi', à la conscience suivante: 'mon enfant a besoin de
moi de façon spécifique'." Robert MARVIN
Cela ne veut pas dire
qu’on n’a pas le droit de se positionner en tant que parent en donnant
son avis, son appréciation de la situation, ses suggestions, mais dans
un premier temps, laissons à l’enfant le temps de cheminer
personnellement, le temps de réaliser par lui même ce qu’il vit et a
vécu.
On écoute d’abord, on donne sa position ensuite.
C’est beaucoup plus efficace de donner des limites, de mettre des
sanctions, bref d’éduquer si on a pris le soin d’entendre, avant, le
point de vue de l’enfant.
Combien de colères, de désobéissances, de
révoltes seraient évitées si on avait pris le temps d’écouter vraiment
un enfant en souffrance!
Montrons lui d’abord une acceptation totale
de ce qu’il est, ici et maintenant, sans le figer dans cet instant T. Le
positionnement du parent se fait dans un deuxième temps.
Comment manifester cette écoute et cette acceptation inconditionnelle de l’enfant?
➢ Par des messages non verbaux:
un bon regard, un sourire, une attitude corporelle d’invitation à
poursuivre, un silence attentif, bref du temps et de la disponibilité.
Les parents ne sont pas obligés d’écouter tout le temps. Ils peuvent
ménager des plages d’écoute dans leur emploi du temps lorsque l’enfant
les interpelle pour quelque chose d’important, mais ils peuvent aussi
écouter dans le quotidien certains langages non verbaux (des réactions,
des actes, des comportements, des somatisations) parce qu’ils ont
développé cette capacité d’écoute.
➢ Par une formulation verbale:
- soit en confirmant qu’on a bien entendu les
émotions, sentiments, convictions, dits ou exprimés par l’enfant : « tu
as été déçu par ton copain », « tu as eu peur de moi », tu en veux
beaucoup à ton père », « tu n’aimes pas ta sœur »… Sans pour autant les
partager ou les approuver, en reconnaissant juste que c’est chez lui en
ce moment.
- soit en reformulant ce que nous avons compris de
son discours ou de son ressenti sous forme interrogative: "Si je
comprends bien, tu veux manger très vite pour aller jouer?", "Je crois
deviner que tu n’as pas envie d’aller voir ta grand-mère, je me
trompe?"… Cela permet à l’enfant de préciser ses désirs, de voir clair
en lui- même.
➢ Par des moyens symboliques:
En lui proposant de nous montrer
avec des objets ou des jouets, ou un dessin ce qu’il veut dire ou
exprimer. Les parents peuvent aussi mettre en scène des jouets, des
peluches pour aider l’enfant à visualiser une situation difficile, pour
l’aider à comprendre quelque chose d’important.
5) Prendre le temps
Votre enfant a beaucoup souffert, vous aussi.
Une fois l’urgence vitale désamorcée, prenez le temps :
- Les progrès de l’enfant ne seront pas en courbe croissante continue. Il y aura des avancées et des reculs. C’est normal. Patience!
- L’attachement réciproque parent/enfant met parfois beaucoup du temps à se construire.
C’est normal, vous êtes au départ complètement étranger l’un à l’autre.
La construction d’une histoire commune faite de joies et de confiance
se fait petit à petit malgré et à travers les frustrations et les
contraintes. Patience!
- Tout enfant même biologique doit être adopté par ses parents.
- La scolarisation se fera à son rythme. Ne vous
laissez pas avoir par tous ceux qui voudront que votre enfant rattrape
vite sa classe d’âge: il n’est pas du tout certain que le BAC à 18 ans
soit mieux que le BAC à 20 ou 22 ans, ni que les titulaires d’un CAP
(choisi) soit moins heureux que les cadres surmenés. Patience!
- Prenez du temps pour vos autres enfants. Ils ont
besoin de savoir que leurs parents gardent la préoccupation de leur
personne et de leurs besoins, même s’ils ont peu de temps à leur
consacrer
- Prenez du temps pour vous, prenez du temps aussi pour votre couple vous avez besoin de vous ressourcer et de vous redynamiser. L’enfant ne doit pas croire qu’il est le centre du monde, même si il a pu le penser dans les premiers temps. Ce n’est pas bon pour sa construction psychique.
Prenez le temps de vivre avec votre enfant des moments
heureux de plaisirs partagés, sans idée de performance, dans l’humour
et la gaîté.
Prenez le temps de profiter les uns des autres en famille dans le seul but de partager de bons moments.
Et
surtout prenez le temps de vous émerveiller de tout ce qui, de façon
imperceptible, progresse et permet à chacun (parents et enfant) de
grandir vers plus d’humanité. Et remerciez la vie pour cela!
Bonne route en famille.
http://adoptionefa.org/index.php/component/content/article/42-sante/400-les-parents-qui-sappretent-a-accueillir-leur-enfant-dhaiti#3
A lire pour aller plus loin: l'ouvrage de Blandine Hamon, Parents par adoption, des mots pour le quotidien, publié par EFA (2009) (présentation et bon de commande)
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