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Les enfants du paradis

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Des forêts laissées à l'abandon
09-08-2010

Alors que les incendies de forêts continuent de faire rage dans le pays, la presse commence à s'interroger sur les raisons de la catastrophe. Pour les Izvestia, c'est le démantèlement du système de surveillance et de protection des espaces forestiers qui est en cause.

06.08.2010 | Alexeï Aronov | Izvestia

Pour le moment, tout le monde est au front pour lutter contre les flammes. Il va toutefois falloir commencer à se demander qui est le coupable [de cette catastrophe] ?

Souvenez-vous comment cela se passait à l'époque soviétique. La surveillance des forêts se composait de trois "ceintures de sécurité". Premièrement, dans chaque exploitation forestière, les gardes forestiers, comme des sentinelles, faisaient des rondes permanentes et régulières afin d'accomplir un travail de prévention et de sensibilisation de la population à la protection des forêts.  Deuxièmement, des [milliers de] postes de surveillance permettaient de détecter à temps un feu naissant et réagir en conséquence, rapidement et efficacement. Enfin, des avions dédiés à la protection des forêts patrouillaient en permanence.

La forêt russe est semblable à un enfant abandonné : elle ne bénéficie ni de l'attention de l'Etat, ni de celle du secteur privé. La politique générale de l'industrie forestière est définie par le ministère de l'Agriculture, sa mise en œuvre est à la charge de l'Agence fédérale des forêts et le ministère des Ressources naturelles contrôle les parcs nationaux. Mais aucun de ces organismes n'est patron des pinèdes et des forêts de bouleaux. En vertu du code forestier de 2007, la responsabilité de la surveillance des forêts incombe essentiellement aux exploitants privés. Pourquoi a-t-on désorganisé la protection des forêts [en supprimant 75 000 postes de gardes forestiers] ? Pourquoi a-t-on démantelé un système centralisé, outil efficace de sauvegarde des surfaces boisées ?

L'adoption du nouveau code (en 2007) a conduit à l'apparition d'une nouvelle catégorie d'hommes d'affaires : les locataires privés de forêts. On ne peut évidemment pas leur imputer tous les malheurs, puisque l'activité forestière nécessite d'importants investissements dans la construction de nouvelles routes d'évacuation du bois, de nouveaux stationnements pour les voitures de pompiers, de nouvelles pistes d'atterrissage pour les hélicoptères, l'entretien de matériels contre le feu – que ces exploitants n'ont pas. C'est pourquoi, ils s'adressent en cas d'incendie à des organismes d'Etat, comme le ministère des Situations d'urgence. Et c'est l'Etat qui débourse.

Il semble que les gardes forestiers doivent leur disparition [après 2007] à leur cupidité. On leur avait permis de se charger de l'abattage d'arbres. Le résultat n'a pas tardé : au lieu de travaux de préservation, ils ont effectué ou  autorisé [à des "bûcherons illégaux"] des coupes massives totalement illégales. Après abattage, le reste de la végétation était brûlé pour cacher les traces du désastre. On peut les comprendre : quand on touche un salaire misérable, comment résister à la tentation de profiter de ces richesses immenses qui ne sont finalement la propriété de personne ?

Il ne reste hélas que très peu de bons spécialistes de la forêt. La plupart du temps, une poignée de personnes est en charge de dizaines de milliers d'hectares. En outre, ces mêmes personnes passent le plus clair de leur temps dans les bureaux, à faire de la paperasse. L'un des dirigeants de Greenpeace Russie, Mikhaïl Kreïndline, estime que le flou juridique conduit à des situations absurdes : lorsqu'une surface agricole prend  feu dans une exploitation située à proximité d'une forêt, les gardes forestiers n'ont pas le droit d'intervenir, car ils encourent des sanctions pour gaspillage d'argent.

"Nous avons besoin de gardes forestiers instruits et bien payés", dit Nikolaï Chmatkov, coordinateur du WWF Russie pour les forêts. "Cela nous éviterait d'épuiser les [pauvres quatre] Canadair que possède la Russie [et qui depuis des semaines déversent sans relâche 120 tonnes d'eau par jour]".

 

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La forêt russe, un patrimoine de la planète

La Russie possède l'une des plus grandes superficies forestières du monde : 800 millions d'hectares, soit 47 % du territoire national et 22 % de la forêt mondiale. La pinède représente près de 70 % des surfaces boisées. La Russie abrite la moitié des pinèdes mondiales. L'essentiel du couvert forestier se trouve dans la Russie extrême-orientale et en Sibérie. Un quart de ces forêts se trouvent dans la partie européenne du pays, en proie aux incendies. 

 Les réserves de bois représentent 83 millions de m3, soit 26 % de la réserve mondiale. La Russie est l'un des trois premiers               

La forêt russe joue un rôle fondamental dans la production d'oxygène sur la planète : elle absorbe annuellement 600 millions de tonnes de carbone. En d'autres termes, un terrien sur quatre inspire de l'oxygène russe.

 Par ailleurs, la contrebande et l'abattage illégal d'arbres représentent des volumes colossaux difficiles à estimer en raison des subterfuges juridiques et de la corruption qui ravagent cette industrie.

 

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http://www.courrierinternational.com/article/2010/08/06/des-forets-laissees-a-l-abandon

 

 

 
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