Rufo parle sur Haiti :« Une décompression nécessaire pour ces orphelins » |
01-03-2010 | |
« Une décompression nécessaire pour ces orphelins »P r MARCEL RUFO pédopsychiatreLe pédopsychiatre est l’un des experts du groupe de réflexion sur l’adoption internationale.
En quoi cette halte en Guadeloupe est-elle nécessaire pour les enfants venus d’Haïti ?
MARCEL RUFO. Les orphelins ont déjà vécu un traumatisme avec le séisme,
ne leur en faisons pas subir un deuxième en allant trop vite dans le
processus d’adoption.
La plupart des enfants haïtiens ne parlent que le créole et n’ont jamais rencontré leurs parents français. Vous imaginez ce que ça peut faire de passer du jour au lendemain du chaos à un petit pavillon rempli de jouets, où l’on ne parle que le français ? Certains enfants peuvent avoir l’impression d’abandonner leur pays. Je comprends l’urgence des familles françaises qui veulent récupérer leur enfant. Mais un temps d’adaptation leur est nécessaire si l’on veut que tout se passe bien. C’est le but du centre de Pointe-à-Pitre. Les petits ont besoin d’un sas de décompression. Il ne faut pas aller trop vite.
Les parents disent au contraire qu’un séjour de transition pourrait être un traumatisme de plus…
Au-delà d’Haïti, que proposez-vous pour l’adoption internationale ?
L’autre proposition, c’est de généraliser à tout le territoire les consultations d’orientation et de conseil à l’adoption (Coca), qui existent déjà dans quatorze régions françaises. L’idée est de proposer à chaque famille adoptante un rendez-vous annuel jusqu’aux 18 ans de l’enfant adopté avec un médecin, un psychologue mais aussi un pédagogue. Nous nous sommes rendu compte que 30 % des enfants adoptés étaient en échec scolaire, bien plus que la normale. De même, tout le monde sait qu’à l’adolescence les enfants adoptés ont plus de conflits avec leurs parents que les autres. |
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