"Le premier personnage de la marque, né en 1974, révolutionne le jouet, assure Dorothée Charles, conservatrice du département des jouets au Musée des arts décoratifs. Les
enfants passent de figurines en plomb, en papier, en aluminium peint...
figées dans une attitude, les pieds moulés dans leur socle, à un
personnage aux bras et aux jambes articulés." Plus encore, ce
joujou s'accompagne d'accessoires qui permettent aux jeunes enfants de
recréer un éventail infini de situations.
Mais la clé du succès
du petit personnage est ailleurs : les bambins sont au coeur du design.
Ainsi l'idée de la pyramide égyptienne est venue d'une demande des
enfants eux-mêmes. Ce sont eux qui, par courrier, ont réclamé un
Playmobil pharaon. "Cela faisait partie des milliers de dessins que nous recevons chaque année, explique Andrea Schauer, PDG de Playmobil, une société familiale allemande. Une
fois la décision prise de réaliser ce projet, nous avons recherché des
photos de pyramides et étudié avec des scientifiques les données
historiques : ainsi, les hiéroglyphes sur nos jouets ont une vraie
signification", précise la dirigeante.
Le jouet star de ce
Noël 2009 comprend, entre autres, des vases canopes qui, dans l'Egypte
antique, étaient destinés à recevoir les viscères des défunts. Parmi
les objets exposés aux Arts décoratifs, le dessin d'un dragon signé par
Zoé, 10 ans, et l'animal en Playmobil, presque conforme au croquis de
la petite fille, jusqu'à la gueule ouverte crachant le feu.
Alors
que les cow-boys et les Indiens ne sont plus au catalogue (les enfants
ne les demandent plus, parce qu'il n'y a plus de westerns à la
télévision), la maison de Playmobil a dû être repensée : "Les
enfants ne trouvaient pas la nôtre assez moderne : il a fallu mettre
une véranda, une télévision à écran plat, une cuisine américaine, etc.", souligne Bruno Bérard, directeur général de Playmobil France. "Ce qui est intéressant, analyse Dorothée Charles, c'est que ce jouet en plastique et ses accessoires évoluent au fil du temps en reflétant les transformations de la société."
La
femme Playmobil est créée en 1976, l'enfant en 1981 et le bébé en 1984.
En même temps, les petites filles se sont mises à jouer aux Playmobil,
réservés à leurs débuts aux petits garçons. Aujourd'hui, plus de 3 000
personnages différents coexistent.
Tout a commencé en Allemagne,
dans les années 1970 en pleine crise pétrolière. Le fabricant de jouets
en plastique Geobra trouve une idée pour économiser sa matière première
: un jouet qui tient dans la main des bambins. L'invention, signée de
son designer maison Hans Beck,
ne mesure pas plus de 7,5 centimètres de haut. Ce nouveau personnage au
visage rond, sans nez et avec un léger sourire, va susciter
immédiatement l'enthousiasme des enfants. En 1974, la marque Playmobil
est lancée.
"Depuis toutes ces années, nous n'avons pas
touché à la silhouette du personnage - 7,5 cm de hauteur, la tête
ronde, presque celle d'un clown... -, car c'est ainsi que les enfants
dessinent les humains, avec une tête plus grosse que le corps et des
jambes raides", précise Bruno Bérard. Les habits ont évolué, ainsi
que les mains qui bougent et pivotent pour faciliter la préhension des
accessoires.
Comme tous les jouets, celui-ci peut susciter des
vocations. Le clou de l'exposition parisienne est constitué par la
collection exceptionnelle - plus de 1 500 personnages et animaux - d'un
"môme"... devenu grand, l'Allemand Oliver Schaffer. Il recevait à chaque Noël et à chaque anniversaire des éléments Playmobil pour alimenter sa passion pour le cirque. "Mes
parents devaient rester deux heures dans le canapé, et applaudir au
spectacle que je leur concoctais avec mes tigres, mes singes acrobates,
mes trapézistes...", se souvient Oliver Schaffer. Aujourd'hui trentenaire, il est devenu directeur de théâtre.
http://www.lemonde.fr/aujourd-hui/article/2009/12/29/a-35-ans-playmobil-fascine-toujours-les-enfants_1285768_3238.html