En famille, renouer le fil de son histoire |
15-12-2009 | |
Les parents adoptifs eux-mêmes ont à cœur d’introduire peu à peu l’enfant adopté à son passé Le rapport aux origines peut être vécu différemment selon que l'enfant a été adopté à l’étranger ou en France Les parents tiennent à partager cette histoire avec leur enfant, et plus encore à l’entretenir. Ce bain voulu dans une double culture se traduit au quotidien : tous les films de la maison sont en russe, leur fille est désormais inscrite dans une école bilingue, et elle vient d’effectuer cet été un camp en Russie. Liés d’amitié avec un membre du consulat à Moscou, les parents l’ont même élu comme «parrain» pour leur fille, comme un trait d’union avec sa culture, depuis qu’il se trouve en représentation à Paris à l’Unesco.Au plan juridique, la forme de l’adoption plénière, déployée dans les années 1960, contribue à «sécuriser» les parents adoptifs sur le plan du rapport aux origines. Ils se retrouvent pleinement parents en asseyant leur filiation, tout en disposant d’éléments, très variables, sur le passé de l’enfant. Car leur rapport aux origines de l’enfant peut être vécu différemment selon qu’ils aient été adoptés à l’étranger ou en France. « Quand la famille d’origine vit en Haïti, cela paraît loin, évoque Janice Peyré, représentante d'Enfance et familles d’adoption au Cnaop. En revanche, quand on sait qu’elle vit en France, cela peut être un peu plus délicat à gérer, avec la crainte que quelqu’un puisse surgir dans la vie de l’enfant adopté. » En fait l’essentiel est que la famille soit accompagnée, lorsqu’elle reçoit par exemple des données supplémentaires sur le dossier de l’enfant. L’association Enfance et familles d’adoption préconise ainsi que le Cnaop soit plus attentif au suivi des familles dans ce sens. Il ne s’agit pas non plus de « s’enfermer dans la prime aux origines biologiques, car l’enfant cherche aussi l’histoire de ses premiers liens, insiste Bernard Golse. Dans ce qu’on appelle la quête des origines, il y a la carte génétique, mais aussi ce qui s’est passé pendant la grossesse, à l’orphelinat ou à la pouponnière. » Retourner au « berceau » peut constituer une étape particulièrement symbolique. Des années après le retour des Bailliencourt avec leur fille sur le lieu de son adoption, la petite Marie-Alizée, du haut de ses 9 ans, leur « parle encore souvent » de ses souvenirs à l’orphelinat. Des souvenirs qui relient ses parents adoptifs à son histoire personnelle.
Marilyne CHAUMONT http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2405854&rubId=55350 |
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