Après le succès du colloque d’automne de l’année dernière sur la « réalité de l’adoption internationale », nous avons pensé qu’il ne fallait pas en rester là et qu’un second colloque s’imposait.
Le sujet de l’adoption est vaste ; celui de l’adoption internationale qui nous occupe plus particulièrement est tout à la fois sensible, complexe et tellement humain.
Pour l’accomplissement de notre mission, il s’est avéré nécessaire d’aller dans les pays d’origine des enfants proposés à l’adoption internationale et d’y aller souvent. Dans certains pays, il faut en effet y retourner régulièrement pour nouer des liens forts et apprendre à travailler selon des méthodes qui diffèrent souvent de nos schémas cartésiens.
C’est ainsi que, depuis mai 2006, mes collaborateurs et moi-même, accompagnés souvent du Président Yves Nicolin, parfois du SGAI, nous nous sommes rendus dans 21 pays différents ce qui s’est révélé riche d’enseignements.
A l’occasion de ces déplacements, nous avons visité des dizaines d’orphelinats. Et c’est ainsi que je me suis rendue compte que toutes ces institutions regroupaient différentes catégories d’enfants : les enfants placés là pour des raisons économiques par leurs familles de façon temporaire, les enfants abandonnés sans famille identifiée ou dont les familles s’étaient volontairement séparées et dont certains seraient proposés à l’adoption internationale, les enfants malades souvent plus grands dont personne ne voulait.

Alors, plutôt que de parler d’orphelins ou d’enfants abandonnés, il vaut mieux parler d’enfants privés de famille. C’est la réalité de ces institutions. C’est la réalité avec laquelle nous devons travailler : beaucoup d’enfants délaissés, peu d’enfants juridiquement adoptables.
C’est une des explications à la cruelle distorsion entre l’importante demande des adoptants et le peu d’adoptions réalisées. Comprendre cela, c’est éviter de se leurrer, de donner des espoirs fous à des personnes en souffrance, de se lancer dans des aventures type Arche de Zoé, mais c’est aussi se demander comment aider toute cette enfance délaissée, répondre aux demandes de coopération avec les pays d’origine et offrir des projets de vie tels que le permet  l’adoption internationale.

 

« Quelle prise en charge en Russie et plus particulièrement à Moscou pour les enfants privés de famille ? » par M. Alexei GOLOVAN , Médiateur pour le droit des enfants de la ville de Moscou.