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Les enfants du paradis

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Ecole primaire : travailler moins mais mieux ?
01-09-2008
Chaque année scolaire, un enfant français travaillait 250 heures de plus que son homologue finlandais du même âge", a calculé Eric Charbonnier, de la direction de l'éducation de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Soit 15 % de plus que la moyenne européenne.

C'est la raison pour laquelle Xavier Darcos, le ministre de l'éducation, a décidé de réduire, dès la rentrée 2008, le temps de classe à l'école primaire de 26 à 24 heures, en affectant les deux heures libérées au soutien des élèves en difficulté (15 % des effectifs scolaires). La durée annuelle de classe passe donc de 936 heures à 864 heures théoriques (de 918 à 840 sans les jours fériés). Ce qui place dorénavant la France dans la moyenne horaire européenne.

 Une semaine de 4 jours pour tous ? Lorsqu'il a annoncé, il y a un an, cette réforme pour le primaire, M. Darcos a précisé qu'elle irait de pair avec la suppression de la classe le samedi matin. Les parents, très largement favorables à cette "libération" du week-end, ont entendu généralisation de la semaine de quatre jours, qui concernait jusqu'à présent un quart des écoliers.

Si le ministre a ensuite précisé que chaque commune restait libre de répartir les 24 heures hebdomadaires sur quatre jours ou quatre jours et demi, avec le mercredi matin travaillé, seules celles qui avaient déjà transféré précédemment leur samedi au mercredi semblent, d'après notre enquête, avoir maintenu le mercredi matin.

Des journées encore plus longues. La France devient le pays d'Europe de l'Ouest qui compte le moins de jours de classe : 140 par an. En Finlande, pays dont les élèves caracolent en tête des palmarès internationaux, l'année scolaire en compte 188. C'est là que le bât blesse, estiment enseignants et chercheurs. Car répartir le total annuel d'heures sur un nombre réduit de jours implique inévitablement d'imposer de plus longues journées aux enfants, sans compter le trajet et les devoirs.

Fort des études qu'il mène depuis trente ans sur les rythmes de l'enfant, le chronobiologiste François Testu, estime qu'"il aurait fallu utiliser cette baisse horaire pour diminuer la journée et non la semaine. Soit en faisant rentrer les enfants plus tard le matin, soit en avançant la sortie le soir, soit en augmentant la durée de la pause du midi. Le fait de garder quatre jours et demi de classe par semaine permettrait un rythme de travail plus régulier sur la semaine".

Sur quatre jours, les six heures de classe posent le problème de la concentration. "Un élève de cours préparatoire ne se concentre pas plus de trois heures et demie ou quatre heures par jour, martèle Hubert Montagner, directeur de recherches à l'Inserm. En CM1, sa concentration ne peut excéder cinq heures. Et encore, pas tous les jours ! Ce qui signifie, pour les enfants en difficulté, que la plupart décrochent dès la fin de la matinée."

Le ministre de l'éducation souhaite par ailleurs renforcer, pour tous, la part du temps de classe consacré à la maîtrise du français et des mathématiques. "Avec deux heures et demie consacrées chaque jour aux fondamentaux, tous ne suivront pas", insiste Hubert Montagner, auteur de l'essai L'Arbre enfant. Une nouvelle approche du développement de l'enfant (Odile Jacob, 2006, 352 pages, 25 euros).

Un soutien incertain. Les parents découvriront en même temps que leurs enfants les dispositifs choisis par les écoles pour mettre en place les deux heures hebdomadaires de soutien destinées aux élèves en difficulté. Après l'école ? Pendant la pause-déjeuner ? Les spécialistes des rythmes scolaires qui ont mesuré l'inévitable baisse d'attention du début d'après-midi plaident plutôt pour un allongement de la matinée. "Du point de vue des rythmes de l'enfant, c'est la moins mauvaise solution", estime François Testu, auteur notamment de Rythmes de vie et rythmes scolaires (Masson, 2008, 175 pages, 25 euros).

Les écoles gardent une marge d'initiative : ainsi, l'académie de Paris préconise une demi-heure chaque midi, mais Véronique Bavière, directrice d'une école classée zone d'éducation prioritaire (ZEP) dans le quartier de la Goutte-d'Or, où 30 % à 35 % des enfants sont en difficulté, préfère, avec l'accord de l'inspecteur, ajouter une demi-heure en fin de journée, à un moment où l'attention des écoliers remonte.

Quelle que soit la formule, Gilles Moindrot, secrétaire général du syndicat SNUipp, se dit "très dubitatif" sur le principe même de ce soutien : "Il n'est pas dit qu'on parvienne à diviser par trois le nombre d'élèves en grande difficulté. Il faudrait éviter que cette difficulté ne s'installe, en ayant les moyens de dédoubler les classes, pour certains apprentissages, sur le temps scolaire." Certains chercheurs, comme M. Montagner, vont plus loin et craignent une augmentation du nombre d'élèves en difficulté...

Maryline Baumard et Benoît Floc'h
http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/08/29/ecole-primaire-travailler-moins-mais-mieux_1089355_3224.html
 
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